Construite comme un labyrinthe sensoriel faite de salles et d'alcôves thématiques, l'exposition a été pensée et scénographiée en vue de véhiculer une impression mêlée d'agitation et de calme. D'un côté, la saturation baroque, la débauche multicolore et musicale. De l'autre, l'univers mental et secret du réalisateur, son goût croissant pour l'épure et le dépouillement émotionnel. Un parcours qui mènera le visiteur de ses idoles exhibées (Marisa Paredes avec ses gants de diva, Victoria Abril serrée dans son costume SM fantastique, Penélope Cruz au visage angélique, Carmen Maura en larmes au téléphone, Antonio Banderas torse nu ou encore le travesti Fabio Mc Namara et ses concerts délirants) à ses idoles cachées (l'honneur de pouvoir présenter, disséminées, des ?uvres d'Henri Matisse, Robert Mapplethorpe, Bruce Weber, Gilbert and Geroge, Joan Miró, Mario Giacomelli, Jean Cocteau, Francis Bacon, revendiqués comme des modèles fondateurs par Almodóvar lui-même). Un parcours en compagnie de sa famille (des dizaines d'inédits liés à son enfance seront montrés pour la première fois : albums, carnets de notes, premiers collages...) au sein d'un pays et d'une ville, Madrid que le metteur en scène ne cesse de photographier. « Je vis avec mon coin de rue. Je descends le prendre en photo tous les jours, parfois inspiré par la lumière, parfois parce que je suis anxieux et presque toujours sans aucune raison apparente. Cette activité occupe mes loisirs, me distrait et me détend. Elle m'inquiète aussi. J'ai l'impression de me trouver au seuil d'une découverte. Mais là n'est pas la raison de mon obsession. Il est vrai que lorsqu'on observe profondément les zones les plus neutres d'une image, on y distingue quantité de mystères invisibles à première vue. », comme l'explique le cinéaste. Son visage dans un miroir ou une vitrine le captive, et l'entraîne à réaliser des clichés où le trouble naît de l'impudeur à se regarder droit dans les yeux : Pedro Almodóvar vu par lui-même, au sein d'une métropole, qui oscille, à cause des cadrages insolites choisis, entre ville réelle et ville fantasmée. Ce dont rend explicitement compte la scénographie. Des trompe-l'?il représentant la capitale espagnole se déploient devant les visiteurs qui découvrent alors une ville géante, stylisée comme un décor.
Scènographie Nathalie Crinière
Chaab Mahmoud
La Cinémathèque française
51, rue de Bercy
75012 Paris
01 71 19 33 33