Interview
"‘The Dark Side’’
« The Flyin Deutschman »
Le Hollandais volant
ERWIN OLAF né en 1959 à HILVERSUM en Hollande vit et travaille à Amsterdam.
Cette note biographique lacunaire est pourtant essentielle à la compréhension de l’oeuvre de cet artiste atypique : celui de cette génération de créateurs influencé par MAPPLETHORPE, AVEDON ou HANS VON MAANEN son compatriote, et par la Hollande, patrie des peintres du siècle d’or, REMBRANDT, VERMEER et le 17ème siècle, jusqu’aux succédanés du surréalisme belge, si proche, de MAGRITTE à DELVAUX : La folie sous une apparence de calme.
Il obtient le Prix de la jeune Photo Européenne en 1988.
De sa 1ère période des années 80, on retiendra la provocation homoérotique, l’androgynie et la mise en scène très carrée à la MAPPLETHORPE.
Dans son 1er livre « CHESSMEN » « Les hommes échiquiers » tout un univers érotique, mythologique, monstrueux, façon JOEL-PETER WITKIN, symbolique et parfois obscur qui n’appartient qu’à lui.
Toute une paraphernalia de cornes d’élan, de bottes de cuir MAD MAX, de corps peints en noir, de couronnes de fleurs artificielles.
La mise en scène très sexuée, esthétique pour cette série de « BLACKS » 1990, démontre une maîtrise absolue de la lumière avec des corps sculptés et aveugles, des décors noir et argent.
En 2001 « PARADISE PORTRAITS » c’est l’enfer.
ERWIN OLAF aborde le thème du clown dans ce qu’il a de plus effrayant voir criminel proche des figures emblématiques des musiciens de HEAVY METAL.
En 2002 « SEPARATION »
ERWIN perd son père et ses repères à l'adolescence, entame une analyse, réalise une série de 9 photos évocatrices exutoire de la disparition.
Mère et enfant habillés de latex noir qui n’est pas sexe mais deuil de l’être aimé et perdu à tout jamais.
2010 : « DUSK » (Le crépuscule) inspiré par la culture Afro Américaine du début du XXè siècle, il fait allusion à l’esclavage aux Etats-Unis, mises en scènes somptueuses grâce aux costumes, intérieurs et lumières qui font penser aux tableaux classiques du XIXè siècle.
2011 : « THE SIEGE AND RELIEF OF LEIDEN »
Pour cette pièce monumentale qui reflète une période sombre du photographe, il obtient le prix VERMEER en 2011, un hommage aux maîtres du clair obscur, du CARAVAGE à REMBRANDT, VERMEER et l’école Hollandaise… une maîtrise absolue du matériau photographique (composition, portraits, costumes et couleurs).
2012 : « THE DARK SIDE » chez RABOUAN-MOUSSION.
ERWIN change de thématique à l’aide de nouvelles technologies, travail doublé d’une installation vidéo « KEYHOLE » « Serrure » sur le thème de la honte, du voyeurisme, du secret, évoquant les passages de notre propre existence.
Dans ses deux derniers autoportraits « TAR AND FEATHERS » « Plumes et goudron », il se remet en scène pour réaffirmer son combat contre l’homophobie.
Six séries de photographies et vidéos, d’où l’on peut ressentir un malaise, une sophistication, une lenteur au milieu de décors intemporels construits à partir de l’esthétique des années 60/70.
Le temps s’arrête comme chez ANTONIONI, RESNAIS ou TARKOVSKI, KUBRICK, voire l’étrangeté du décor façon P.JACKSON ou DAVID LYNCH : le détail qui peut tuer.
Le spectateur devient voyeur et plonge dans une 4ème dimension : celle de l’onirisme, de la métaphysique et de la banalité étrange et sublimée.
ERWIN rejoint en cela les peintres du 17è siècle Hollandais, les surréalistes « silencieux » des années 30/50.
Pour ERWIN OLAF, la boucle est bouclée – et la bouche est bouche bée d’admiration.
A la galerie RABOUAN-MOUSSION
©Erwin Olaf
The Siege, 2011
Dusk, 2010
Separation 2002
The Keyhole 2012
The Keyhole, installation 2012
Erwin Olaf interview
Galerie Rabouan Moussion
121 Rue Vieille du Temple
75003 PARIS