Interview
Est-ce ton vrai nom?
OUI
Quelles sont tes origines?
Je suis parisienne, je suis née à Paris, je n'ai jamais bougé de Paris, du côté de mon père mon grand-père était russe polonais, il était philatéliste et collectionné les timbres, il y a le mot « collection », mon père est philatéliste aussi du coup.
Maman travaillait au ministère de la justice.. en fait je l'ai plutôt connue maman au foyer, elle avait beaucoup de temps pour visiter les musées, aller au cinéma, elle était plutôt cultivée et s'intéressait à plein de choses, mon goût de la documentation vient un peu des deux côtés.
Quand s'est révèlé ton goût pour la mode?
J'ai commencé par faire des accessoires, timidement on va dire, car je sortais de l'école, je faisais plutôt des choses qui étaient faciles à réaliser chez moi avec de petits moyens.
Les accessoires se sont assez bien vendus dans les boutiques à Paris, du coup je me suis lancé dans mes collections en 2001.
Mon goût pour la mode vient de mon enfance, de ma maman et aussi de ma grand-mère qui était super chic, assez farfelue, elle était chanteuse de music-hall, son père était dresseur de tigres dans un cirque. Mes grands-parents avaient une maison à côté de Paris, le grenier de leur maison était magique, il y avait les vêtements de ma mère et les costumes de ma grand- mère, chaque visite dans leur grenier racontait une histoire.
Tout cela fait partie de ce que je suis aujourd'hui. ce que je peux dire c'est que je ne dessinais pas des jeunes filles en robe de princesse, enfant je voulais être peintre, ensuite je voulais être architecte, après mon bac je suis allée à la fac et obtenu une licence de psychologie, les sciences humaines m'intéressaient mais finalement je suis allée à Bercot et c'est là que j'ai eue un déclic.
Peux-tu nous parler de tes inspirations...
Pour la dernière collection « Underwood » je me suis inspirée de la nature, les feuilles, les arbres, les paysages mais avec une recherche graphique.
J'avais envie d'une silhouette qui joue sur le contraste chic et bucolique, plutôt urbaine et assez épurée. Pour le défilé, il y avait vraiment une volonté de jouer la clairière, la bande son diffusait des chants d'oiseaux, elle se promène dans la forêt, tout à coup une clairière, un rayon de lumière et c'est là que l'on voit apparaître la silhouette.
Eleonora qui réalise la lumière depuis plusieurs défilés travaille surtout dans le théâtre, mais plutôt dans ce type de mise en scène.
La saison précédente "Secrets Stairs" collection été, je me suis inspiré des décors de comédies musicales, de la ville et des buildings et naturellement je suis allée plus vers la nature pour l'hiver.
La silhouette est un clin d'œil à Alaïa, Dorothée Bis, c'est un peu la rencontre entre ces différentes inspirations
Pourquoi cette influence des Années 80 dans ton travail ?
Certainement parce que je suis née en 1972, que je les aies vécues, je suis consciente de tout cela, je ne pourrais pas le renier.
C'est une période de ma vie ou mes parents avaient une situation économique qui leur permettait d'acheter des vêtements Alaia, Cacharel et Fiorucci, ils consommaient pas mal, ma mère avait beaucoup de goût, elle s'habillait très bien, je l'ai vue choisir ses vêtements ce n'était pas forcement de la Haute Couture... c'est l'ambiance dans laquelle je vivais.
L'étiquette « Années 80 » ne me dérange pas mais je trouve ça un peu stupide car il y a eu de tout dans les années 80, de l'esbroufe, du gadget, il y a plusieurs façons de les abordées, je m'en fiche après tout ...
Comment s'organisent tes collections?
Je suis assez bien entourée en ce qui concerne les collaborations, j'ai plein d'amis avec qui je fais plein de choses, les vidéos, les musiques du défilé, etc...
Tous les projets qui découlent de mes vêtements les impliquent, la personne qui fait la musique de mes défilés s'appelle Olivier Bobin, il a une marque qui s'appelle Fade, c'est aussi avec lui que je fais les vidéos entre autre...
Les imprimés sont réalisés et développés en collaboration avec Pierre Marie, il a beaucoup de talent et beaucoup d'humour, ça fait du bien.
Pour aborder mes collections je me documente énormément, je fais de la recherche, c'est aussi une manière de me raconter une histoire, ce matin encore je lisais des vieux articles.
Je me documente de plusieurs façons et dans plusieurs domaines, la tapisserie pour les textures et les couleurs, les ballets russes, le Bauhaus, évidemment ce n'est pas uniquement des histoires de mode que je cherche c'est aussi beaucoup le cinéma, les vieux films, c'est assez mélangé.
J'ai des piles de documents, j'en placarde pleins, je les renouvelles, c'est presque une maladie d'empiler tant de choses, je fonctionne comme ça, je cherche je cherche jusqu'au moment ou j'insiste sur certains trucs puis je les enlèves et j'en met d'autres.
La musique m'influence, je suis une grande fan de Prince, il fait partie de ma vie, son univers musical et sa garde robe font partis de ce que je suis.
Tu vis et travaille à Paris, quel quartier aimes-tu, quel monument?
J'adore le 19ème car j'y ai habitée un moment, il y a des petites rues notamment celle ou habite Jean-Paul Goulde à côté des Buttes Chaumont ou de tout petits quartiers comme la Mouzaïa, j'aime aussi beaucoup le quartier du Sacré-Coeur et ses vignes.
Mon monument préféré c'est sans doute le Centre Pompidou.
Quels sont tes rêves de collaboration artistique?
En dehors de la mode il y a des milieux qui me fascinent je ne sais pas si je me sens compétente mais avec toutes ces histoires de music-hall, de comédies musicales, les ballets russes, la représentation, la scènographie, j'aimerais peut-être un jour avoir un rôle au sein de tout ça, sinon ce serait une rencontre avec un musicien pas du tout pour chanter, j'aimerais avoir dans mon entourage tous ces gens, tous ces talents et m'enrichir aussi du talent des autres.
Qu'est-ce que tu te souhaites?
Être en accord avec moi même et que ça fonctionne comme ça.
A Mélodie
Lady Owl
Réalisé par Seeside & Mélodie Wolf
Modèles : Valentine & Gloria
Design sonore Olivier Bobin