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A Bittersweet Life
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Le feu sous la glace.

A bittersweet life n’est pas de ces polars qui flinguent à tout va, aussi vide de toute émotion et pensée qu’un chargeur au bout d’une fusillade bien nourrie. Non pas qu’il s’épanche dans des causeries philosophiques et donne dans le sentimentalisme lacrymal. Non pas que le réalisateur se regarde le nombril et cherche dans la violence une forme d’alibi intellectualisant.

Négatif. A l’instar des meilleurs polars romantiques de John Woo, du Syndicat du crime à The killer, A bittersweet life s’épanouit le plus naturellement dans un genre dont il se garde bien de transgresser les règles. Tout y est effectivement. Le gangster froid, méthodique et sophistiqué, le parrain omnipotent, sa maîtresse à surveiller et à abattre en cas de manquement à son devoir de fidélité…

Le deuxième ordonnant au premier d’épier la troisième, A bittersweet life prend comme un air sensiblement décalé de triangle amoureux. Ce qu’il est d’autant plus que le brave gangster dévoué trahit son serment, épargne la belle volage qu’il regarde avecles yeux de Rodrigue. A partir de là, furax, le caïd inflige une correction mémorable à son lieutenant, lequel, surgissant de sa tombe au terme d’un passage à tabac anthologique qui le laisse pour mort, assume une vengeance pour le moins dévastatrice. Vengeance à la démesure de sa détresse et d’une passion qu’il est incapable d’exprimer par les mots. Une croisade en somme, sauvage et que Kim Jee-woon filme avec l’élégance glacée du Jean-Pierre Melville du Samouraï, entassant les cadavres sous une lumière froide et s’offrant, pour tempérer l’escalade dans l’horreur, un cruel intermède « léger ».

En fait, au final, A bittersweet life n’a pas de « léger » ; il se situe aux antipodes, tragique, nihiliste. Furieusement beau, sanguinaire et émouvant.

Un film sud-coréen de Kim Jee-woon.
Avec Byung-hun Lee, Shin Min-a & Kim Young-cheol.
Durée : 1 h 58 mn.
Sortie : 10 mai



Marc Toullec