ALEK WEK, la top model noire la plus souriante et la plus engagée de ces dix dernières années nous parle de ses souvenirs de podium et de ses projets de styliste. Une icône fascinante qu'on suivrait au bout de ses rêves.

GM : Etes-vous une icône de mode ou une icône black ?

Alek Wek : Il m’est difficile de répondre à cette question : Je suis avant tout une personne ! J’ai eu la chance d’être entourée dès le début par des équipes multiculturelles, qui sont ouvertes au monde et qui ont cru en moi. La mode, quelque part c’est un peu comme l’ONU (rires). J’espère avoir fait évoluer un peu les critères de beauté…

GM : NAOMI CAMPBELL a rencontré NELSON MANDELA. Quel homme politique rêveriez-vous de rencontrer ? Pour lui dire quoi ?
A.W : Comme mon père, Je prime l’éducation à la politique. Là encore, ce sont plutôt les personnes qui m’inspirent : tout d’abord mon père, décédé au Soudan, mais aussi ROBERT REDFORD et ses actions pour l’environnement, OPRAH WINFREY et son philanthropisme.

GM : Avec quel photographe avez-vous préféré travailler ? Et pour quelles raisons ?
AW : Il m’est difficile de comparer le travail des uns et des autres car ils ont tous un style et une méthode de travail qui leur sont propres. Cependant mes collaborations avec GILLES BENSIMON (avec qui j’ai fait ma première couverture du Elle américain), STEVEN MEISEL, PETER LINDBERGH sont à marquer d’une pierre blanche.

GM : On adore votre sourire ravageur : Pourtant on demande exclusivement aux mannequins de faire la tronche sur les podiums. Qu’en pensez-vous ?
AW : Pourquoi la vie devrait-elle être si rigide ? C’est tellement bon de rire ! Il faut arrêter de se prendre autant au sérieux  : la mode, ce n’est quand même tout même pas sorcier ! De plus, pour inspirer les autres, il faut être inspiré soi-même et être à même de le montrer.

GM : Avez-vous déjà été une mariée haute-couture ?
AW : J’ai été la mariée d’un défilé couture CHRISTIAN LACROIX, qui est un homme fantastique ! Sans se prendre trop au sérieux, ça a été une magnifique surprise pour moi, un moment très spécial, magique, rempli de beauté, j’aurais aimé que ma mère soit dans le public…

GM : Est-ce que votre notoriété peut accomplir des miracles en Afrique ?
AW : J’ai eu la chance immense de pouvoir quitter le Soudan ravagé par la guerre civile et d’être découverte alors que j’étais une réfugiée à Londres. Mais la grande majorité de la population soudanaise n’a pas été aussi chanceuse. Il est essentiel de faire prendre conscience du problème des populations réfugiées, de soutenir des organismes comme Médecins sans Frontières et leur opération Bracelet of life par exemple. C’est la méthode employée sur le terrain par les médecins et les infirmières pour repérer et soigner les enfants souffrant de malnutrition : on leur entoure le bras d’une bande de papier de couleur, le rouge indiquant que l’enfant peut mourir s’il ne reçoit pas des soins intensifs d’urgence. Et ces gens-là accomplissent de vrais miracles !Voir cela de ses propres yeux m’a permis de développer sa conscience sociale. Mais ma propre association, WEK (Working to Educate Kids), créée en hommage à mon père, est un travail d’équipe. La fondation fournit des fonds et soutient des programmes d’éducation destinés à des enfants au Soudan mais aussi à New York. Si on transforme leur vie, on transformera celles des générations futures. Là encore, développer la conscience sociale…

GM : Vous avez lancé une collection de sacs. Qu’est-ce qui vous a attiré vers le design ?
AW : Avant d’être découverte à Londres, je suivais des cours d’art et de design au London Institute. De même que l’écriture et la peinture, le design est un projet qui a été en constante évolution au fil des années jusqu’au jour où j’ai montré mes croquis à des amis qui m’ont confirmé leur qualité. Je conçois les sacs de A à Z, jusqu’aux motifs des doublures.

GM : Les femmes aiment vos sacs : quelle femme célèbre voudriez-vous voir avec une de vos créations ?
AW : ANGELINA JOLIE en a un, ainsi que LIV TYLER, qui possède l’une de mes pochettes. Mais mes sacs sont destinés à toutes les femmes !

GM : Y-a-t-il un créateur de mode pour lequel vous aimeriez créer un sac ?
AW : Il faut avant que tout que ce soit un challenge, une collaboration avec les bonnes personnes et un projet bien spécifique. Par exemple, j’ai dessiné une rivière de diamants pour Forevermark, dont chaque pierre porte un numéro pour prouver son origine sans équivoque. Je me suis rendue à Hong Kong début février : ça a été complètement irréel de voir mon design se transformer en une rivière de diamants de 168 carats, composée de près de 20 000 pierres.

GM : Comment pensez-vous la forme de vos sacs ?
AW : Il faut qu’un sac puisse se personnaliser, qu’il soit résistant, fonctionnel et chic, qu’on puisse s’en servir dans la journée et soir. J’utilise toutes sortes de matériaux, le crocodile, le cuir mais aussi le tissu. Il faut porter la plus grande attention aux serrures, aux crochets. Certains de mes sacs se plient par exemple. Il y a aussi bien des serviettes, des pochettes que des cartables. J’ai même conçu une ligne tout spécialement pour la gent masculine…

GM : Quelle culture aimeriez-vous transmettre à vos enfants ?
AW : Si j’ai l’immense joie d’avoir des enfants, j’aimerais qu’ils apprennent les origines de leur père, mais aussi les miennes : savoir d’où l’on vient et qui l’on est essentiel à l’épanouissement personnel. Je voudrais surtout qu’ils fassent de leur mieux pour contribuer de manière positive à la société !

GM : Qu’est-ce qui vous fascine ?
AW : À chaque jour, son expérience : quel merveilleux challenge !