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Patrick Blanc

Folies Végétales
Interview

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Cet hiver, la Fondation EDF confie les clés de l’Espace EDF Electra à Patrick Blanc qui le transforme en une immense serre tropicale. A travers six installations, réalisées avec la complicité du designer Alexis Tricoire, composées au total de plus de 2000 plantes de 100 espèces différentes, et une galerie de photographies, Patrick Blanc témoigne ainsi de l’extraordinaire faculté d'adaptation des plantes aux milieux extrêmes tels que les courants d’eau, les sous-bois sombres ou les grottes. Botaniste et chercheur au CNRS, Patrick Blanc est aussi l’inventeur du Mur végétal. Les murs qu’il réalise à travers le monde, depuis le tout premier à la Cité des Sciences et de l’Industrie en 1988 jusqu’à celui du Musée du Quai Branly, l’ont propulsé sur le devant de la scène artistique. Mais Patrick Blanc est avant tout un scientifique, se consacrant depuis près de trente ans à l’observation de la flore dans les sous-bois tropicaux. Là, il étudie pour mieux les comprendre les stratégies des plantes pour se développer dans des milieux pourtant à faible niveau de ressources (eau, lumière, sels minéraux).
Pour Folies végétales, bégonias bleus, racines aériennes, feuilles brunes semblables à des feuilles mortes inventent un univers inattendu, surprenant de variété, prouvant une fois de plus que la protection de la biodiversité doit être une des préoccupations de tous.

Folies Végétales par Patrick Blanc

Lorsque j’arpentais tout jeune avec ma mère les sentiers bordant les ruisseaux artificiels du Bois de Boulogne, j’étais tout simplement heureux de contempler les cascades et de pêcher des têtards. Le bocal à poissons rouges ne m’a jamais intéressé (je trouvais déjà absurde de laisser tourner en rond un animal), ma fascination pour les milieux aquatiques d’eau douce me mena vers les aquariums tropicaux. En effet, l’équilibre de ces aquariums ne peut être maintenu que si l’on prend en considération tous les éléments d’un microécosystème : réchauffement et filtration de l’eau, présence de plantes aquatiques pour absorber les excès de nitrates, éclairage artificiel pour permettre la croissance des plantes et introduction de poissons suffisamment petits et peu nombreux pour qu’ils ne polluent pas l’eau et qu’ils aient quelque chance de se reproduire. Ainsi, dès l’âge de 10 ans, j’appréhendai la globalité d’un milieu recréé artificiellement mais se rapprochant quelque peu d’un milieu naturel grâce à une technologie suffisamment maîtrisée. Dès l’adolescence, je laissai un peu de côté les poissons pour m’intéresser de plus en plus aux plantes aquatiques, et plus particulièrement aux Cryptocorynes, des plantes pourtant d’aspect bien modeste mais présentant une étonnante diversité d’espèces. Un grand mystère régnait autour d’elles jusqu’aux années 70 car elles étaient régulièrement importées d’Asie du Sud-Est sans que l’on sache vraiment dans quel biotope aquatique elles vivaient, les premiers travaux scientifiques sur leur écologie n’étant publiés que quelques années plus tard. A l’âge de 19 ans, j’ai décidé d’aller observer dans leurs ruisseaux originels, au coeur des forêts de Thaïlande et de Malaisie. Ce fut alors la découverte du monde des forêts tropicales humides, bien au-delà des Cryptocorynes que j’eus quelque peine à observer, faute de données précises sur leurs biotopes ! J’ai alors su que je resterais quotidiennement plongé dans cet univers moite et chaud des sous-bois tropicaux. De retour chez mes parents, j’expérimentai des installations de plantes évoquant ces ambiances, en accompagnant le monde végétal de quelques petits animaux en liberté, tels qu’oiseaux, lézards et grenouilles arboricoles. Ainsi naquirent mes premiers murs végétaux.  Mes études à l’université me menèrent tout naturellement au laboratoire de botanique tropicale où le Professeur Schnell m’enseigna la phytogéographie, cette science qui permet d’avoir une appréhension globale des milieux. Mes recherches, d’abord effectuées dans le domaine de la morphologie végétale, s’orientèrent progressivement vers l’architecture et l’écologie des plantes de sous-bois des forêts tropicales, objets de ma thèse de Doctorat d’Etat. Grâce à mon intégration au CNRS depuis une vingtaine d’années, je poursuis mes recherches sur les aspects dynamiques et évolutifs des flores des sous-bois tropicaux. Quelle chance de pouvoir aujourd’hui présenter au public quelques aspects de mes recherches ! J’ai choisi de montrer, dans ce cadre de l’Espace EDF Electra, les adaptations des plantes aux milieux extrêmes, tels que les rapides des fleuves, les sous-bois sombres ou les surplombs des entrées de grottes, qui m’ont toujours fascinés, d’autant plus que de nombreuses questions restent sans réponse. Et bien sûr, je tenais aussi à évoquer ce qui me tient tant à coeur, à savoir l’imagination des plantes dans les milieux à faibles niveaux de ressources disponibles, qui se traduit par une explosion de la biodiversité non guidée par la compétition ; les plantes savent se respecter.
Patrick Blanc

 




VIDEO

Folies Végétales
Report Sabine Morandini
Interview SM & PL

 



INFOS

Espace EDF Electra

6, Rue Récamier

75007 Paris



www.murvegetalpatrickblanc.com
fondation.edf.com/