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ARTY
Antwerp Art & Fashion
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À la fin des années 80, grâce aux « six d’Anvers », la cité flamande a fait son apparition sur la carte de la planète mode. Depuis, de nombreux créateurs belges ont émergé et se sont fait un nom. La plupart d’entre eux sont diplômés du département mode de l’Académie des beaux-arts de la ville.

Désormais, un nouvel événement a lieu dans le calendrier de la mode : « Afair », la première semaine de la mode en Belgique, où sont promus les talents du cru mais qui sert aussi de plateforme de lancement pour de nouveaux créateurs et artistes européens.

La relation entre la mode et les arts n’est pas nouvelle : dans les années 20, les surréalistes se sont inspirés de la haute couture parisienne pour leurs tableaux, photos et films. Elsa Schiaparelli a collaboré avec Dali et René Magritte a illustré les catalogues de la maison Samuel à Bruxelles. Quant à Max Ernst, il a dénoncé la prétention des beaux-arts en la comparant avec l’énergie créative de la mode. Quarante ans plus tard, Betsey Johnson a loué les services d’Andy Warhol pour sa collection « Paraphernalia » (bazar). Warhol fut ravi d’accéder à sa demande et transforma la vitrine de sa boutique de Madison Avenue en œuvre d’art conceptuel.

« Dragonfly », organisateurs de la semaine de la mode à Anvers, perpétuent cette tradition en donnant aux exposants la chance de passer commande auprès de jeunes artistes afin de donner plus de personnalité à leurs stands dans la section « street wear », l’événement ayant eu lieu dans un poste d’aiguillage désaffecté. L’architecture industrielle du bâtiment, ses rails, ses ascenseurs, sa consigne et ses postes de lavage ont fourni une toile de fond parfaite pour des vêtements de pointe et des œuvres d’art avant-garde.

Rien ne complète mieux ces vêtements et le mode de vie de ceux qui les portent que les tags : ils étaient ici en grand nombre, les plus remarquables étant ceux d’un jeune homme qui se dénomme lui-même « The Strangler » (l’étrangleur). Il puise son inspiration dans les anciennes affiches de cinéma, les pubs des années 50 et l’art corporel tribal, et on lui a demandé d’exécuter de la peinture gestuelle durant « Afair » après qu’il a été découvert à l’expo Récup à Paris. Ses motifs pour accepter de participer à l’événement ? « sa connectivité émotionnelle avec les vêtements » et « une bonne occasion de faire découvrir son œuvre à un plus large public ».Le tableau sur lequel il travaillait quand je l’ai interviewé faisait penser à une ancienne litho japonaise dépeignant un samouraï et complétait les lignes épurées des vêtements exposés.

Melvin (Wout Schildermanns) était au départ lui-même taggeur, mais se concentre désormais sur l’illustration. Il a travaillé pour des noms prestigieux comme Absolut, Levi’s et Freeze Magazine. Il a utilisé différents matériaux pour les panneaux de la salle de presse du salon : acrylique, crayon et peinture à la bombe et s’est amusé à assaisonner les mots et les idées. Sur un mur, on peut voir un chasseur et son fusil : pour les pros de la mode, la chasse est ouverte. Sur un autre, la « fashion police » traque les délits de goût. Ces œuvres d’art, complétées par des meubles blanc et argent, donnent une ambiance détendue à une pièce où les gens s’agitent. Dans un style complètement différent mais tout aussi approprié à « Afair », on peut admirer les collages de Ludovicus. Il a utilisé des plans de ville pour accentuer l’aspect urbain de la nouvelle collection Timberland. À l’ère des portables et des systèmes GPS, elles ont un aspect poétique et suranné. Ces collages, peints à la main et montés sur caisson lumineux, nous ramènent dans le passé tout en restant contemporains. En participant à cet événement, Ludovicus veut sortir l’art de son isolation et le présenter à un public plus large qui, selon ses propres mots, « vivent l’art » grâce à leur intérêt pour la mode qui est, après tout, une forme de créativité. Cette commande de Timberland a permis à Ludovicus d’expérimenter, d’observer de nouveaux objets et d’avoir un regard neuf sur des objets usuels comme ces plans de ville.

La contribution de ces artistes apporte fraîcheur et vie aux objets inanimés que sont les vêtements et prouve que l’art et la mode se vouent un amour éternel.



Gina Van Langenhove - Traduction VAmathe
PHOTOS

Carte par Ludovicus
Autres illustrations par Melvin



VIDEO

Report par Ludovicus



www.mistermelvin.be
www.stationantwerp.be